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Et pour parler de la relation Hitch/Chabrol, je vois que tu as vu Les fantômes du chapelier, qui est sûrement le meilleur Chabrol que j'ai vu et où la filiation est la plus nette me semble-t-il. C'est une sorte de pastiche, dans le bon sens du terme (rien de péjoratif) du Psychose. Sauf que là où Hitchcock cherche les liens entre sexualité et psychose, le psychotique de Chabrol est beaucoup plus ambigu. Ce qui intéresse le plus Chabrol, me semble-t-il encore c'est cette relation de pouvoir entre le notable, Serrault, installé, sûr de lui, et ce petit tailleur juif, pauvre, Aznavour. Il y a une sorte de jeu du chat et la souris entre eux deux. Et n'est pas le chat celui qu'on croit. Serrault est le chat, car il est le notable, il a un pouvoir qui fascine Chabrol, celui de la respectabilité. C'est pour cette raison je pense que Chabrol met en scène ses histoires dans des petites villes de province où se joue ce genre de relations dominants/dominés. En tout cas, point de sexualité réprouvée ici. Le personnage de Serrault, si mes souvenirs sont bons, parce que je l'ai revu il y a belle lurette, son personnage va aux putes, et est même presque amoureux d'une des putes, ou une amie de sa femme, une blonde, je ne me souviens plus exactement.

Bref, Hitch cherche dans la psychose le spectacle morbide et dérangeant de Norman (Perkins) avec le réel, réel dérangé par une sexualité problématique. Alors que Chabrol cherche à montrer que les relations dominants/dominés de la notabilité française peuvent cacher un autre spectacle morbide. Mais il ne cherche pas le spectaculaire, le suspense, comme chez Hitch, mais à décrire progressivement un personnage, son comportement morbide, jusqu'à la découverte finale où l'on découvre le poteau rose, sa folie immense. Chabrol fait presque une étude de moeurs, en quasi entomologiste.

Whaou, très beau texte

Ai vu Masques et Bellamy, je vais poster mes critiques sur le site. Pas déçu ni par l'un ni par l'autre. Bellamy est sacrément intéressant et bien fait, l'un des meilleurs Chabrol que j'ai vu pour le moment. (vu en avant-première)

Ah? Tu étais à Nîmes donc. Il y était en avant première il y a quelques jours. J'ai vu Depardieu et Chabrol près des arènes, aux infos régionales. En passant... aouchhh la claque qu'il a pris le vieux Chabrol. Tout maigre. A côté Depardieu semble s'être refait la cerise, bien en chair.

J'ai vu moi aussi Bellamy en avant-première, j'ai sacrément aimé dis donc! Chabrol m'a beaucoup impressionné, c'est un film assez dingue sous ses allures simples et sages, la mise en scène est d'une précision diabolique et les acteurs sont tous impressionnants (Depardieu, quel bonhomme!).

Non à Caen; c'était une simple avant-première sans membre du casting ou discution à la fin.

Bellamy
Claude Chabrol
2009

Comme chaque année à la belle saison, le commissaire Paul Bellamy vient séjourner à Nîmes dans la maison de famille de sa femme Françoise qui rêve de croisières au bout du monde... Paul ne peut se passer de Françoise, mais il déteste les voyages. Un double prétexte le cloue sur place : l'arrivée inopinée de Jacques son demi-frère, aventurier au petit pied, porté sur la bouteille ; et l'apparition d'un homme aux abois qui lui réclame sa protection.

***

Le dernier Claude Chabrol est un perle, et comme on s'en doutait, littéralement transcendé par la présence de Depardieu. Depuis longtemps on ne l'avait vu aussi fort à l'écran, aussi proche de nous ; en fail il "est" nous pendant 1h50. Ses partenaires de jeu - Vahina Glocante, Gamblin, Cornillac, Marie Bunel - sont eux aussi à la hauteur, mais c'est vraiment Depardieu le centre du film, la voix du film, le film lui-même. Il joue à la perfection et les dialogues de Chabrol, pas toujours évidents à jouer il est vrai, sortent on ne peux plus justes de sa bouche et font mouche. Chabrol aussi atteint des sommets, sa mise en scène participe à faire de Bellamy un de ses films les plus aboutit. Sublimes scènes que le flash-back du cours de danse ou l'accident de voiture. Il joue le jeu des faux-semblants et des apparences. Certes, le sujet du film semble être celui de l'ambition des petits bourgeois de province (Bel-Ami) et surtout jusqu'à quelle absurdité (le meurtre) celle-ci peut mener. Mais avec ce personnage de détective finalement très humain, Chabrol semble vouloir exprimer notre désir de voir le dessous des faits, ce qui se cache derrière toute chose. Dès le début, un homme inconnu va sur une tombe en sifflotant un air de Brassens. Qui est-il ? Nous n'avons pas le temps de le savoir car la caméra s'éloigne et le générique s'impose. Puis, tout au long du film, le commissaire Bellamy est un peu perdu et nous avec, et même quand il pense s'être approché un maximum de la vérité il reste perplexe : s'est-il fait rouler dans la farine ? Le mystère, l'énigme, reste jusqu'aux derniers plans, à une citation finale sur les apparences, à un dénouement qui remet tout en question : nous aussi, spectateurs, nous serions-nous fait rouler dans la farine ? Coup de théâtre magistral mais subtil pour un Chabrol subtil et magistral.

Reste à en faire l'ajout sur cinéprofil

Hâte de voir s'il va traversé l'Atlantique, à vous lire ça donne le goût de visionner un de ses films

Pour insérer les films, il faut attendre qu'ils soient officiellement sortis au cinéma. Ou lors d'un festival connu.

edit. Je viens de voir dans les release dates qu'il était au festival deBerlin.

Attention ce n'est que mon avis. Sur le forum d'allociné, j'ai trouvé 4 personnes qui l'ont vu en avant première : 2 (moi dedans) du même avis positif, 2 négatifs. Pour la presse, ça a l'air pareil ; il y a deux lectures possibles. A la différence de gran torino qui fait l'unanimité (eh oui, chez nous il ne sort que mercredi prochain)

Et l'autre c'est moi!
En effet beaucoup de gens le trouve lent, ennuyeux et digne d'un téléfilm. Franchement je trouve que c'est ne rien comprendre à ce film. Il y a un certain second degré à aller chercher derrière ses aspects de polar pantouflard, qui est totalement jubilatoire!