BellamyClaude Chabrol
2009
Comme chaque année à la belle saison, le commissaire Paul Bellamy vient séjourner à Nîmes dans la maison de famille de sa femme Françoise qui rêve de croisières au bout du monde... Paul ne peut se passer de Françoise, mais il déteste les voyages. Un double prétexte le cloue sur place : l'arrivée inopinée de Jacques son demi-frère, aventurier au petit pied, porté sur la bouteille ; et l'apparition d'un homme aux abois qui lui réclame sa protection.
***Le dernier Claude Chabrol est un perle, et comme on s'en doutait, littéralement transcendé par la présence de Depardieu. Depuis longtemps on ne l'avait vu aussi fort à l'écran, aussi proche de nous ; en fail il "est" nous pendant 1h50. Ses partenaires de jeu - Vahina Glocante, Gamblin, Cornillac, Marie Bunel - sont eux aussi à la hauteur, mais c'est vraiment Depardieu le centre du film, la voix du film, le film lui-même. Il joue à la perfection et les dialogues de Chabrol, pas toujours évidents à jouer il est vrai, sortent on ne peux plus justes de sa bouche et font mouche. Chabrol aussi atteint des sommets, sa mise en scène participe à faire de
Bellamy un de ses films les plus aboutit. Sublimes scènes que le flash-back du cours de danse ou l'accident de voiture. Il joue le jeu des faux-semblants et des apparences. Certes, le sujet du film semble être celui de l'ambition des petits bourgeois de province (Bel-Ami) et surtout jusqu'à quelle absurdité (le meurtre) celle-ci peut mener. Mais avec ce personnage de détective finalement très humain, Chabrol semble vouloir exprimer notre désir de voir le dessous des faits, ce qui se cache derrière toute chose. Dès le début, un homme inconnu va sur une tombe en sifflotant un air de Brassens. Qui est-il ? Nous n'avons pas le temps de le savoir car la caméra s'éloigne et le générique s'impose. Puis, tout au long du film, le commissaire Bellamy est un peu perdu et nous avec, et même quand il pense s'être approché un maximum de la vérité il reste perplexe : s'est-il fait rouler dans la farine ? Le mystère, l'énigme, reste jusqu'aux derniers plans, à une citation finale sur les apparences, à un dénouement qui remet tout en question : nous aussi, spectateurs, nous serions-nous fait rouler dans la farine ? Coup de théâtre magistral mais subtil pour un Chabrol subtil et magistral.