Forums de discussion

Ici, parlons de Sir Alfred

1899-1980

Né en 1899 à Londres, mort en 1980 à Los Angeles, Alfred Hitchcock est l'un des plus grands cinéastes du XXème siècle, et ses oeuvres restent aujourd'hui encore des chefs d'oeuvres à nos yeux. Surnommé 'Le Maître du Suspense', il se plaisait à apparaître dans ses films comme un clin d'oeil. Mais il avait un bon nombre d'autres lubies et obsessions. En premier lieu les femmes. Derrière une certaine pudeur, une éthique, se cache souvent un certain érotisme (Psychose et Marnie notamment). Ces beautés blondes, qu'on aura surnommé blondes hitchcockiennes, cachent derrière leur froideur apparente un feu sous-jacent. Elles jouent toujours un rôle important : si elles ne sont pas héroïnes tout court (Marnie, Les oiseaux, la première partie de Psychose), le film fonctionne en duo (Fenêtre sur cour, La mort aux trousses). Sa muse ultime : Grace Kelly. Suivie de Tippi Hedren, a qui il affligea des tournages difficiles. Plus tot, Ingrid Bergman, Vera Miles et Joan Fontaine, ainsi que Kim Novak et Janet Leigh le temps d'un film (Sueurs froides et Psychose).

Pour les héros masculins, James Stewart et Cary Grant furent les figures marquantes. Si l'un était LE 'Monsieur Tout le Monde' (James Stewart), et l'autre le modèle d'homme rêvé (Cary Grant), ils interprétaient souvent le schéma classique chez Hithcock de l'homme normal accusé à tort (depuis The Lodger avec Ivor Novello, jusqu'à Frenzy en 1976, en passant par Les 39 marches, Jeune et innocent, La cinquième colonne, L'Inconnu du Nord Express, Le faux coupable, La mort aux trousses...). A ce schéma s'ajoute une constante : mélange subtile du suspense avec l'humour. Deux oeuvres font exceptions : Sueurs Froides et Marnie, qui ne font preuvent d'aucune légereté. Pour faire fonctionner le suspense, Hitchcock a comme méthode de créer un décalage entre ce que sait le personnage et ce que sait le spectateur : "Une bombe est placée sous une table de poker, les joueurs s’amusent sans se douter de rien, alors que le spectateur voit le chronomètre qui tourne." Il préfère traiter une situation par le suspense, plus que par la surprise, qui prend le spectateur en traître. Enfin, Hitchcock fait preuve de quelques autres lubies, qu'on a plaisir à retrouver, notamment le motif effrayant des escaliers (de The Lodger à Psychose et Les oiseaux) ; beaucoup de ses "formes" nous restent en mémoire : le chignon dans Vertigo, la route barrant les champs dans La mort aux trousses, le sac à main jaune en guise de premier plan de Marnie. Le Maître a inspiré bon nombre de réalisateurs - on se souvient surtout de Brian De Palma, qui s'est lancé dans une excellente réécriture de ses oeuvres par Body Double et Pulsions. François Truffaut, lui aussi sous le charme de ses oeuvres, a publié le maintenant culte 'Hitchcock-Truffaut'.

FILMOGRAPHIE

Période anglaise
Muets :

1922 : Number Thirteen (inachevé et vraisemblablement perdu)
1925 : Le Jardin du plaisir (The Pleasure Garden)
1926 : The Mountain Eagle
1927 : Les Cheveux d'or (The Lodger)
1927 : Downhill
1927 : Le Passé ne meurt pas (Easy Virtue)
1927 : Le Masque de cuir (The Ring)
1928 : Laquelle des trois ? (The Farmer's Wife)
1928 : Champagne
1929 : The Manxman
1929 : Chantage (Blackmail)

Parlants :

1929 : Chantage (Blackmail)
1929 : Junon et le paon (Juno and the Paycock)
1930 : Meurtre (Murder)
1931 : The Skin Game
1932 : À l'est de Shanghai (Rich and Strange)
1932 : Numéro dix-sept (Number Seventeen)
1934 : Le Chant du Danube (Waltzes from Vienna)
1934 : L’Homme qui en savait trop (The Man who Knew Too Much) (fera l’objet d’une nouvelle version en 1956)
1935 : Les 39 marches (The 39 Steps)
1936 : Quatre de l'espionnage (The Secret Agent)
1936 : Agent secret (Sabotage)
1937 : Jeune et innocent (Young and Innocent)
1938 : Une femme disparaît (The Lady Vanishes)
1939 : La Taverne de la Jamaïque (Jamaica Inn)

Période hollywoodienne

1940 : Rebecca
1940 : Correspondant 17 (Foreign Correspondent)
1941 : Soupçons (Suspicion)
1941 : Joies matrimoniales (Mr. and Mrs. Smith)
1942 : Cinquième Colonne (Saboteur)
1943 : Lifeboat
1943 : L'Ombre d'un doute (Shadow of a Doubt)
1944 : Aventure Malgache
1944 : Bon voyage
1945 : La Maison du docteur Edwardes (Spellbound)
1946 : Les Enchaînés (Notorious)
1947 : Le Procès Paradine (The Paradine Case)
1948 : La Corde (The Rope)
1949 : Les Amants du Capricorne (Under Capricorn)
1950 : Le Grand Alibi (Stage fright)
1951 : L'Inconnu du Nord-Express (Strangers on a Train)
1952 : La Loi du silence (I confess)
1954 : Fenêtre sur cour (Rear Window)
1954 : Le crime était presque parfait (Dial M for Murder)
1955 : La Main au collet (To Catch a Thief)
1955 : Mais qui a tué Harry ? (The Trouble with Harry)
1956 : L’Homme qui en savait trop (The Man who Knew Too Much) (nouvelle version du film de 1934)
1956 : Le Faux Coupable (The Wrong Man)
1958 : Sueurs froides (Vertigo)
1959 : La Mort aux trousses (North by Northwest)
1960 : Psychose (Psycho)
1963 : Les Oiseaux (The Birds)
1964 : Pas de printemps pour Marnie (Marnie)
1966 : Le Rideau déchiré (Torn Curtain)
1969 : L'Étau (Topaz)
1972 : Frenzy
1976 : Complot de famille (Family Plot)

Voilà, premier post
je pense que pour certains esprits élevés, c'est du déjà-vu, mais si ces esprits élevés ont de nouvelles choses à dire sur ce metteur en scène, et bien c'est ouvert !

Superbes screenshots

Quel est le film qui contient l'image du décor aux les yeux ???

Depuis 5 ans, le sujet d'Hitchcock a été effleuré plus d'une fois ! Il y a quelques fans inconditionnels sur le forum. J'adore ses films, mais je ne peux pas encor edire qu'il fait partie de mon top 5 réal.

Mon prochain visionnement d'Hitchcock sera The Man Who Knew Too Much dont j'ai vu quelques scènes fort bien construite.

C'est dans La Maison du Docteur Edwards (Spellbound en VO). Me semble que c'est un décor de Salvator Dali.

Pas vu la première version de ce film. Vous en pensez quoi par rapport à la seconde ?

Merci

Haaaaa !!! Hitch


Je suis un inconditionnel. Non ses films ne sont pas tous des réussites, mais il en a fait combien !? C'est un peu normal.

Ouais, la scène du rêve de Spellbound est très hot... sauf que ça l'air que la scène a été fortement coupée au montage et qu'elle devait être vraiment plus longue... très dommage parce que l'oeuvre de Dali est génial.

J'ai souvent remarqué que Hitch ne pogne pas au près des non-cinéphile justement parce que c'est souvent invraisemblables. Le cinéma depuis qu'il existe a toujours tenté d'être le plus réaliste possible. Il y a aussi le jeu d'acteur qui est un peu différent.

J'ai toujours de la difficulté à établir mon top 10 de mes films préférés.

Donc non dans l'ordre.

Psycho
North By Northwest
Vertigo
Strangers On A Train
Notorious
The Birds
Frenzy
The 39 Steps
Rope
Rear Window


-----
Rebecca
The Man Who Knew Too Much (remake)
Lifeboat
Spellbound

J'adule tellement Hitch que je peine à comprendre que certains ne l'adulent pas de même. Zi, tu me troubles. Comment? Même pas dans les 5?
Pour ma part, les deux premiers films de mon top 10 sont des Hitchs : North by Norwest et Fenêtre sur cour. Mais si je me laissais aller, il y aurait sûrement d'autres. J'adore le remake de l'homme qui en savait trop. Pour répondre à Korléone, j'attendais beaucoup de la première version. Beaucoup de cinéphiles l'aiment. Je ne saisis pas bien pourquoi. J'ai plutôt été déçu. La prestation de Lorre oui, le reste, non. Elle fait bien pâle figure face à son remake, doté celui-là de scènes d'anthologie encore (Gélin qui tombe des mains de Stewart sur le marché de Marrakech, l'entrée du magasin de taxidermie dans Whitechapel, la descente de l'escalier et j'en passe!

Vertigo a une aura, un mystère, quelque chose de fabuleux, qui se démarque de l'essence suspense d'habitude.
Psychose est monumental aussi. Effrayant pendant et après le film.
L'inconnu du Nord-Express est d'une lisibilité et d'une fluidité ahurissante. N'était Farley Granger pour qui j'ai une petite antipathie, ce film est gigantesque.
La corde est un coup de maitre technique, on le sait, mais plus encore, il y a là quelque chose de magique dans la mise en scène, la participation des acteurs et leur emprisonnement par la caméra et le sujet cage, comme dans un coffre, comme le cadavre, encore un chef d'oeuvre. On continue?
J'ai des gros faibles pour Les 39 marches et The lady vanishes, encore très anglais.
J'en oublie certainement... oh putain, Le crime était presque parfait, et j'allais presque l'oublier, avec un huis clos parfaitement coordonné et ces multiples séquences où Hitch filme une action alors que les acteurs jouent... ailleurs.
Subtil.
Futé.
Génial.
Osé.
Ludique.
Rieur.
Manipulateur, le cinéma d'Hitch. Un type qui allie art et spectacle avec une si grande élégance, intelligence et efficacité : je dis alleluia. C'est un miracle du cinéma. Qui a lui seul m'a fait suradoré le cinéma. Je l'aime moins quand il s'attache à travailler sur l'humour, comme dans MAis qui a tué Harry.
Sauf sur La main au collet, qui est une danse magnifique de grace (Kelly bien entendu), un (Grant of course) spectacle.

ah oui, le classement

1/ Sueurs Froides
2/ Psychose
3/ La Mort aux trousses
4/ Fenêtre sur Cour
5/ Pas de printemps pour Marnie
6/ Les enchaînés
7/ Les Oiseaux
8/ l’inconnu du Nord express
9/ L’homme qui en savait trop
10/ Les 39 marches
11/ La maison du Dr Edwardes
12/ Le faux coupable
13/ Rebecca
14/ Le crime était presque parfait
15/ La corde
16/ La loi du silence
17/ L’ombre d’un doute
18/ Soupçons
19/ Une femme disparaît
20/ Mais qui a tué Harry ?
21/ Frenzy
22/ The lodger
23/ Jeune et innocent
24/ Le grand alibi
25/ Le Rideau déchiré
26/ La Main au collet
27/ La Cinquième colonne
28/ Agent secret
29/ Quatre de l’espionnage
30/ Mr & Mrs Smith (Joies matrimoniales)
31/ L’homme qui en savait trop (1°)
32/ Complot de famille
33/ Le procès Paradine
34/ La taverne de la Jamaïque
35/ L’étau

Perso, j'ai découvert Hitchcock à 11 ans ; je suis donc un inconditionnel, je pense que ma 'quête cinéphilique' a commencé avec lui.
Et pour répondre à Korleone, j'ai trouvé moyen le 1er Homme qui en savait trop - trop brouillon, pas prenant (pourtant, les 39 marches réalisé l'année suivante) et ne tient pas la comparaison avec le second. Mais peut-être mérite-t-il une seconde chance, qui sait ?