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Littéralement comme dans lire la bible de façon littérale. Ne pas voir les paraboles, les métaphores, les symboles.

Non je ne crois pas que c'est une simple histoire non originale d'un père sévère et de son fils qui a peur de lui. À mon vis, le père symbole ce dieu. Et les questionnements que l'enfant fait (pas le cinéaste, l'enfant. Ce n'est pas parce que les personnages disent quelque chose que c'est la vision du cinéaste) peuvent très bien s'adresser à son père plus qu'à "Dieu".

Donc je ne suis pas certain s'ils s'adressent à Dieu. Il peuvent s'adresser à eux-mêmes, à d'autres personnages, à nous spectateurs ou autres.

Il est certain que la mère a eu une éducation religieuse, elle évoque ce qu'elle a apprise par les soeurs religieuses. Prendre cela pour le discours du cinéaste, je crois que c'est une erreur. Plusieurs croient que la clé du film est de suivre la voie de la nature ou de la grâce. Je ne pense que Malick tente de nous dire de prendre l'une ou l'autre. Ça serait simpliste et ce film est tout sauf simple. En fait, il ne répond à rien, il soulève des questions et nous laisse le soin de nous émerveiller (ou pas) sur la vie.

Tant mieux si tu te posais des questions aussi "sérieuses" avant tes 10 ans. Des grands philosophes ont passé leur vie à travailler sur ces questions. D'ailleurs Malick est un disciple d'Heidegger http://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Heidegger . Son cinéma est basé sur son oeuvre.

Ils s'adressent à dieu comme aux autres personnages. Pour moi il est évident que Pitt est dieu le père comme on dit. Les interrogations des pauvres humains que nous sommes face à ce qui nous semble injuste sont les mêmes que les gamins se posent à l'égard de leur père. Les mêmes interrogations mais pas forcément les mêmes réponses. Le film dit "les voies du seigneur sont impénétrables", phrase qui typiquement me hérisse le poil car elle botte en touche. On attend juste l'étape suivante. Dieu n'existe pas. Perds pas ton temps et ton énergie à lui poser des questions, il n'existe pas. Tu n'as pas besoin de père pour être un humain et faire de ton mieux pour être heureux et être bon, pour affronter les malheurs de la vie et la peur de la mort.

Tu vois, je ne suis pas certain que le film "dit".

Dit dans le sens de dicter ?

"Les pauvres humains que nous sommes" : ouff tu vois celle là, je ne l'ai pas vu de même. Au contraire, je crois qu'en rendant un regard complexe sur l'humain et en le mettant en parallèle avec la création du monde, j'y vois un éloge à l'humain et à son génie. Même si ce génie humain ne s'élève pas plus haut que le génie de la nature.

Que du contraire. Je trouve ça très intéressant de confronter nos avis. En te lisant, je peux même voir des choses que je n'avais pas vu lors du visionnement.


Ah non pas du tout, je fais pas une fixation sur l'aspect religieux. Je te dirai même que figure dans mes incontournables le film "Ordet" de Dreyer. Et là, je peux te dire que c'est la vision de Malick qui est littérale par rapport à celle de Dreyer.
Là où je bloque et où le film ne me fait pas le même effet. C'est que pour toi, le film de Malick a été une source de questionnement mais par contre, chez moi, pas du tout.
Il ne me reste que le souvenir de ma bave devant les prises de vue. Les prises de vues des bâtiments dans la scène avec Sean Penn sont tout simplement hallucinantes.

Excellente critique Alli, comme toujours!

Tu vois, où tu as vu Dieu partout, je ne l'ai vu nul part.

Où tu y a vu l'au delà, j'y ai vu l'inconscient.

Où tu y a vu une histoire familiale non originale, j'y ai vu une histoire unique dans un grand tout.

Ce film en effet n'est peut-être pas pour toi, il est pour tous. Ça dépend seulement des interprétations que l'on en fait.

Je n'ai pas inventé Dieu, il est textuellement cité. La voix off l'interpelle.



Rhhhoooo, tu parles de la bible, là, non?

C'est vrai que les personnages le cite. Je suis également capable d'écrire le mot Dieu ou dieu, ça ne veut pas dire que j'y crois d'autant plus.

Peut-être que j'ai de l'empathie pour les croyants. J'ai tendance à respecter les croyances des autres plus que je ne le pensais finalement.

Ils ne font pas que le citer, il lui parlent, lui posent des questions, l'interpellent, bref, ils croient en lui. Moi aussi je parle de Dieu mais pas à Dieu. Et respecter les croyances des autres ce n'est pas s'interdire de dire ce que l'on pense et croit.

Ça dépend ce que veut dire le mot Dieu pour nous.

La mère est clairement croyante. Le père c'est moins claire. Le petit Jack comme tout bon chrétien croit en lui en effet, mais Jack adulte a une crise de foi/existentielle. En effet, il semble faire la paix avec Dieu à la fin du film, mais encore une fois ça dépend ce que l'on entend par Dieu, parce que Jack adulte ne prononce pas ce mot. C'est sûr que dans les années 50 la religion était très présente.

Personnellement, je crois être une sorte de dieu.